Pour le plaisir...

= ici, les textes libres que vous souhaitez partager

JOHANA

Esquisses

Un filet piégeur

Reines d’ivresse

tend

les nuits de longues veillées

Mes habitudes

d’autres heures

Glissent

Un éclair

Jointes à l’urbain

Ville entière

Grondante et nue

Sifflets bruns-roux

Belle matineuse

dégrade son pesant sommeil

saboté

exhumant son fiel

interrompus

fracas d’un saut de tuiles

nulle composition

nul dessin ajouté

Rampes grises

profilent

toute l’unité

La ville

Les tours

effleurent les cieux

ombrent

au sol

bicyclettes grippées

Besoin de compagnie

Tes paroles

Les miennes

confuses

demeurant

seule

dans mes fiefs

Je

Catogan

Fruste et délavé

Effluves de l’houblon gris

t’attendrai

mon aimé

Matisse, La liseuse distraite

Matisse, La liseuse distraite

JOHANA

Une liseuse rejoint l’arrière-monde

Un regard rêveur

Maculé

Sans reflet le miroir imagine

La porte de fond d’une chambre

De femme, atrocement intime

Témoin

D’une présence au monde

Calme et féminine

Par sa posture méditative

L’affairement des hommes

Ne sait la déranger

Le texte seul nourrit

Son intériorité

Chaste

En gris réfugié

La liseuse

Et sa vie propre

Viennent accueillir l’ouvrage

La paume curviligne

L’Erotisme d’une enfant sage

D’un regard trop découvreur

Ô libre Batailleur

Surgit d’entre les lignes

Noémie : 

Poème 1 

 

La porte se ferme sur

La maison close

Les escaliers ont fière allure

Et une silhouette ose

Monter le velours pourpre.

Des talons qui claquent sans s’interrompre

Et d’un pas chaloupé,

Se diriger vers le premier.

En haut se dégagent des effluves

Des parfums moites de corps fauves

Se mêlent à des relents d’absinthe

Sous les yeux d’une Sainte.

 

Les néons rouges

Eclairent les sujets unis

Une courbe aux allures de courge

Révèle sa nature morte - sans cris.

Fracas de glace, débris d’espace

Les flashs fusent sur place

Dans la pénombre,

Une ombre.

 

Celle d’un magicien

Qui se meut comme un rien.

Des gestes précis, syncopés

Qui divulguent la canopée.

La boîte noire dévoile,

Révèle sur la toile

L’esprit de Basquiat

Qui plane sur…

La chambre noire

Andre Elliott – Hands under Neon Light

Camera obscura.

 

Poème 2 

Octave

 

Octave est grave ce soir.

Octave a le hoquet :

Une secousse, un au revoir.

Suspension du temps, le long du quai.

 

Pas un bruit dans la nuit.

Le silence est plein, rond.

Blanche lueur, qui luit

Pause avant l’abandon.

 

Octave est grave ce soir.

Octave a le hoquet.

Une harmonie brisée au couperet.

Un corps qu’on laisse choir.

 

Un mouvement ambigu

Une vague d’étonnement

Flot de sang

Douleur aigüe. 

Anne 

 

Ἀμφίς

 

Ici il n’est d’asile

Qu’aux soupirs rauques de l’ennui,

Dans l’éclat criard d’un néon taiseux.

Vois !

L’éclat retient la mémoire :

Vois les murmures étouffés

Sans fond.

Au seuil, le feu s’instille

Et des nuées de jambes nues sourdent. Inanité.

Lourd

Est le devoir qui te dit

Reste !

 

Petrus pantocrator

La main de bois d’olivier rose valsait, suspendue, en solitaire. Le bracelet d’une montre, vernis de noir, serrait trop haut le poignet. La main, séparée de son bras d’homme, s’en trouvait plus courte et plus ronde, relique d’une jeunesse qui avait passé. Le néon se reflétait à la surface de la pupille et donnait au regard l’éclat mouillé de l’enfance. Par déférence, le pantalon ne touchait qu’accidentellement la chair de celui qui le portait, il nageait dans la veste et seuls les boutons de manchette en or et la cravate serrée de trop près arrimaient le corps au costume fosse marine. La vague de lumière artificielle qui baignait le front montait vers l’estran et déferlait sur les sillons tracés au peigne. Son visage de vieil enfant se détachait sur le fond jaune sali par les années d’écoute. Un livre sous le bras gauche, il esquissait de la main droite comme un signe de bénédiction vers ses spectateurs. Le mur était doré.

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